• Poils aux yeux !

     Œil de paon du jour (à gauche) et de grande tortue (à droite)

              On remarque sur cette photo que les yeux de certains papillons sont poilus ! La même particularité se retrouve chez d'autres papillons dits "de jour" et chez de nombreux diptères.

                 Je me suis donc posé la question de savoir quel pourrait bien être le rôle de cette pilosité oculaire.  D'autant que je n'ai pas l'impression que des poils sur nos yeux amélioreraient beaucoup notre vision ! La documentation dont je dispose ne mentionnant même pas cette particularité curieuse, j'ai  cherché un peu sur le web et j'ai trouvé quelques éléments de réponse.

                 En résumant rapidement, ces soies serviraient à protéger les yeux des insectes des poussières, pollens et autres particules. Reste à savoir pourquoi on ne trouve ces poils que chez certains lépidoptères et pas chez d'autres. Une explication serait peut-être que les premiers butinent sur les fleurs et seraient plus exposés aux pollens. Sauf que la grande tortue, ou le c-gamma, par exemple,  se trouvent rarement sur les fleurs et sont tout de même pourvus d'yeux poilus et qu'à l'inverse, nombre d'espèces butineuses n'en possèdent pas !

    Poils aux yeux !

    Les yeux de ces deux papillons dits "de nuit" ne portent pas de poils.

               Voici un extrait de rapport de la 66e réunion annuelle de l’American Physical Society, division de la dynamique des fluides portant sur le rôle des soies oculaires des mouches mais que l'on peut, je pense, transposer aux lépidoptères. Ce n'est pas un article d'entomologiste mais il donne quelques indications sur le rôle probable de ces poils énigmatiques qui feraient office d'essuie glace ! .   
     
       Comment les mouches nettoient leurs yeux

    Les insectes volants font face à une pluie  de particules étrangères telles que la poussière et le pollen, qui menacent de recouvrir les yeux et les antennes de l'insecte, limitant leurs capacités de détection. Dans cette étude, nous élucidons de nouveaux mécanismes  par lesquels les insectes maintiennent propres ces organes. L'œil composé de nombreuses espèces d'insectes est recouvert d'un réseau de poils courts ou soies régulièrement espacées entre chaque unité photoréceptrice. Chez ces espèces d'insectes, la longueur des soies est le triple de leur espacement. Nous effectuons des simulations numériques et des expériences en soufflerie à l'aide d'un dispositif imitant un œil d'insecte pour montrer que cette longueur critique des soies réduit le taux de cisaillement à la surface de l'œil de 80%. Ainsi, les soies créent une zone stationnaire devant l'œil, qui détourne le flux d'air afin de limiter le dépôt de particules. Les soies peuvent également servir de catapultes pour expulser les particules accumulées. Les prises de vues au ralenti d'insectes utilisant leurs pattes pour se nettoyer, montrent que  les soies frottées  projettent des particules d'une taille de l'ordre du micron à des accélérations supérieures à 100 fois la gravité terrestre. La double capacité des soies à détourner le flux d'air et à expulser les particules peut amener à concevoir des dispositifs anti-poussière bio-inspirés pour les optiques, les capteurs et les panneaux solaires .

     Retrouvez le texte original ici :  How flies clean their eyes. 

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